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|d Dans cet article nous allons essayé de traiter la place du terrain privé dans l’urbanisme des cités de l’Afrique romaine à travers l’étude des temples d’après l’épigraphie. L’objectif de cette recherche est de savoir pourquoi certains évergètes ont eu recours à leurs propres terrains ou à l’achat d’un lot de terre pour construire un temple. On a généralement expliqué la construction d’un monument public sur un terrain privé par le manque d’espace public. Au bout de cette recherche nous avons constaté que cette déduction est à nuancer. Le manque d’espace public n’explique pas à lui seul le recours des évergètes au terrain privé. Bref, nous avons remarqué que le statut de la cité et la nature de l’acte d’évergétisme sont aussi des conditions déterminantes dans le recours au terrain privé. Dans les cités pérégrines les évergètes ont dû construire les temples sur leur propre terrain non seulement par manque d’espace public, mais pour répondre aux exigences de la carrière municipale. Alors que dans les colonies et les municipes, les temples étaient construits dans le cadre de l’évergétisme privé, c’est pourquoi ils n’ont pas eu le droit au sol public. Dans les cités antiques, les monuments publics étaient généralement construits sur des terrains publics, mais dans certains cas et pour diverses raisons, ils étaient bâtis sur des terrains privés . La question qui se pose est de savoir pourquoi certains monuments publics étaient construits sur des terrains privés. Question à laquelle nous n’avons pas trouvé une réponse catégorique en étudiant dans le catalogue épigraphique de notre thèse cinq inscriptions de temples et de curies construits par des sacerdotes sur des terrains privés . On a couramment expliqué le don d’un terrain par le manque d’espace public . Cette déduction est plausible, mais on se demande s’il n’y a pas d’autres motifs expliquant la construction des édifices publics dans l’Afrique romaine sur des terrains privés. Pour être plus précis, cette recherche se limite à l’étude des temples à travers l’épigraphie et les résultats des fouilles. Il faut noter d’abord que l’épigraphie est souvent muette sur le statut du terrain des monuments publics. Peu d’inscriptions précisent que l’emplacement de l’édifice est accordé par le conseil municipal, l(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum) ou solo publico, et encore moins les inscriptions qui indiquent que le monument est bâti sur un terrain privé, concédé par un particulier ou acheté par un évergète. Effectivement, dans cette recherche nous n’avons recensé dans les provinces romaines d’Afrique que vingt-un temples construits sur des terrains privés . Quinze de ces temples ont été construits par les évergètes sur leurs propres terrains, solo priuato, solo suo, dont onze se trouvent dans six cités de Proconsulaire : Carthage, Thugga (Dougga), Numluli (Hr. el Matria), Sutunurca (Aïn el Asker), Seressi (Oum el Abouab). Le seul temple en Maurétanie Césarienne est celui de la déesse Bellone à Caesarea (Cherchell). Il y a quatre temples construits sur des lots achetés, templum coemtis spatiis, à Carthage, à Capsa (Gafsa), à Lepcis Magna (Lebda) et à Volubilis (Ksar Faraoun). Enfin, il y a trois temples construits sur des terrains concédés par des particuliers de la Gens Bacchuiana (Bou Jelida), de Thala et de Hr. Soualem.
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