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Cet article est consacré aux mutations médiévales du ribāt en Occident : il met en lumière deux moments clés où le monument défensif du Haut Moyen Âge prend une toute autre fonction dans le monde ibéro-maghrébin. Une première partie évoque à partir des textes ou de la recherche archéologique ce que le Maghreb conserve du ribat originel : des ribāts de Kouz, Tit ou Rabat sur la côte atlantique à tous les sites de la côte méditerranéenne des émirats de Fès et de Tlemcen. Mais le premier événement que le travail aborde est l’évolution du concept même qu’illustrent bien, par exemple les fondations de Marrakech, Ribāt al-Fath dans l’estuaire du Bu Rgreg ou encore Mansura, dans l’agglomération de Tlemcen : le site défensif devient, à partir de 1070, base de rassemblement des mujāhidīn pour un jihad auquel se substitut très vite en réalité un projet plus politique lié au mythe impérial qu’incarnent les tentatives de restauration d’un califat d’Occident. Yaqūb al-Mansīr et Abū-l-Hasān illustrent bien l’aspect tout à la fois grandiose et dérisoire des œuvres liées à cette première mutation du ribāt. A la montée du culte des saints correspond un dernier avatar : plusieurs exemples l’illustrent de Tit au sanctuaire tlemcénien de Sidi bu Madyan. Une place particulière doit être réservée à la ville funéraire de Chella où, sur les vestiges de Sala Colonia, les Mérinides implantent une ville de pèlerinage, support d’un culte dynastique. Le Maghreb traduit là à sa manière une tendance du monde islamique sensible de l’Atlantique à l’Afghanistan. Ce travail très bien illustré s’attache ainsi à analyser l’évolution d’un concept clé de l’architecture islamique et, dès la fin du Xle siècle, de l’urbanisme maghrébin.
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