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Aujourd'hui, en cet âge de hypercommunication et d'information, du transport global et multimodal, de la convergence de modèles économiques, politiques, sociaux et culturels, en cet âge du village global, le concept de voisinage n'est pas uniquement géographique. Il y a une multitude de voisinages territoriaux et virtuels qui posent l'impératif de l'harmonisation et de la mise en cohérence des appartenances et des voisinages multiples. Pour cela, l'ALECA doit être soutenu par une vision cadre territoriale, stratégique et à long terme du voisinage entre l'Europe et le Maghreb, UE+5, ou mieux encore du voisinage longitudinal euroafricain entre l'Europe et l'Afrique. Cette vision cadre doit servir un objectif majeur durable du voisinage, comme la compétitivité sur les marchés tiers et/ou la contribution conjointe à la résolution de défis globaux. La résolution d'un défi interne au voisinage euromaghrébin ou euroafricain est nécessaire mais insuffisante. Elle constitue non pas une fin en soi, mais un moyen pour le voisinage de sa compétitivité ou de sa contribution sur un espace tiers régional ou global. L'ALECA doit introduire plus de flexibilité du degré d'intégration atténuant le choix «tout ou rien, in or out» comme dans le référendum «Brexit» auquel était confronté le Royaume-Uni. Une approche 'blended' mixte de mécanismes institutionnels G2G, de gouvernement à gouvernement, comme les traités, et de mécanismes privés et civils comme les investissements directs privés par les multinationales européennes, et civils entre les acteurs de la société civile, introduirait une telle flexibilité. De plus, une telle approche augmenterait les ressources et les moyens nécessaires à la mise en œuvre de l'intégration. Le consensus historique extraordinaire réalisé par COP21 au Sommet de Paris en décembre 2015 et concrétisé par des plans nationaux de lutte contre le changement climatique soumis par près de 200 pays offre l'opportunité majeure d'un tel objectif pour l'espace UE+5 avec la flexibilité des investissements et des actions civiles. II offre la possibilité de consolidation de la compétitivité de l'espace euromaghrébin dans la réduction des émissions à effet de serre par le transfert de technologies appropriées et par les investissements directs. II offre aussi l'opportunité d'une contribution significative de cet espace au défi global de la lutte contre le changement climatique. De même, en ce moment où les moyens publics et privés, financiers, économiques et techniques de l'Europe sont sursollicités, la triangulation avec les multinationales et les espaces tiers, comme l'Asie de l'Est, pourrait constituer un schéma Win-Win-Win, à l'exemple de la triangulation Japon-Mexique-USA pour les USA. Cette triangulation par les investissements directs japonais au Mexique a donné la compétitivité pour le Japon sur les marchés nord-américains, la croissance et l'emploi pour le Mexique et un voisin stable et prospère à haut pouvoir d'importation pour les USA. L'ALECA actuel avec la Tunisie ne mentionne pas l'énergie. L'énergie doit figurer en bonne place dans l'ALECA. L'énergie représente une composante majeure dans les relations euromaghrébines. Elle représente une composante majeure dans plans (CPDN) de contribution à la lutte contre le changement climatique de tous les pays signataires de l'Accord de Paris relatif au Sommet de COP 21, accord unanimement salué comme un accord historique sans precedent De même, l'interconnexion Maghreb-Europe est une 'intégration énergétique'. Elle permet, par l'import-export de l'électricité, de mieux balancer le système énergétique euromaghrébin. Elle permet aussi d'optimiser les synergies et les complémentarités structurelles saisonnières et technologiques. Elle permet enfin d'améliorer le bilan carbone en remplaçant le transport et le commerce des énergies fossiles par le commerce et le transport de l'électricité. Il y a une réticence vis-à-vis des accords avec l'UE et en particulier vis-à-vis de l'ALECA, surtout dans l'opinion publique. Cette réticence n'est pas uniquement le résultat rationnel d'un calcul économique ou d'une analyse coût-avantage économique ou stratégique. Elle est aussi culturelle. II y a donc un impératif d'une dimension culturelle et d'une stratégie de marketing et d'acceptation de l'ALECA qui peut s'appuyer sur un patrimoine culturel et historique partagé important.
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