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Nous questionnons, dans cet article, le non-dit qui enceint la question de la langue utilisée actuellement au Rif, et y cherchons à comprendre le processus d’arabisation dont quelques tribus rifaines ont fait l’objet et ce, en faisant appel à une approche anthropo-historique. Nous commençons par dévoiler la confusion qui caractérise la thèse d’une arabisation culturelle complète et défendons celle selon laquelle les habitants de la région ont adopté la langue arabe (dont le degré d’impact peut être mesurable d’un point de vue linguistique) sans abandonner les autres facettes de leur culture d’origine, lesquelles ont été conservées ou modifiées partiellement. En nous basant sur une conception complexe du fait anthropologique, nous croyons que l’évolution des identités se fait sur la base de l’adaptation des éléments culturels exogènes à ceux appartenant à la culture d’accueil (endogènes). Nous tentons de montrer aussi que le processus historique qui a conduit les Rifains à s’arabiser eux-mêmes et à subir l’arabisation est complexe et ne se fait pas indépendamment des régimes culturels et économiques. Nous soutenons l’hypothèse selon laquelle l’arabisation s’est effectuée dans le contexte de l’imprégnation des amazighophones par le système de valeurs de leurs voisins arabophones, notamment en ce qui concerne les interdits gérant les rapports entre les deux sexes. C’est que ces valeurs servent la spécificité de la culture rifaine, laquelle est structurée autour du modèle économique agricole. Nous croyons dans ce sens que l’auto-arabisation résulte du besoin des Rifains de récupérer leur système de valeurs perdu à cause de l’intervention zénète (modèle économique pastoral) lors de deux moments historiques marquants. C’est pour cette raison que les Rifains ont été contraints d’adopter un support linguistique catalyseur ou convenable, à savoir le support arabe.
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