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|d La philosophie de langue arabe a connu avec le phénomène de la traduction deux grandes périodes essentielles, d’abord pour son émergence et son développement à partir de la moitié du Vlllè.s, puis pour sa transmission au monde médiéval latin à partir de la moitié du Xlès. et tout au long des Xllè et Xllès. A parcourir le recueil bibliographique al-Fihrist (Index bibliographique) d’Ishaq al-Nadim (Xè.s) au chap. 7 concernant en majeure partie les œuvres philosophiques et scientifiques issues des traditions grecque, syriaque, perse ou hindou, dont l’auteur a personnellement connaissance, l’on se rend compte de la formidable ampleur du mouvement de traduction qu’a connu la culture arabe et la civilisation de l’Islam durant près de trois siècles. Une liste de plus d’une quarantaine de traducteurs depuis ces langues, indique la diversité des domaines, principalement la philosophie et les sciences issues de la tradition grecque, dont se sont enrichis le savoir et la connaissance en langue arabe. En aval, l’ampleur du mouvement de traduction en Europe médiévale latine, principalement en Espagne et en Italie à partir du Xlè.s du savoir philosophique et scientifique arabe, et grec à travers les traductions arabes peut être appréciée dans l’ouvrage de l'historien des sciences espagnol, Juan Vernet, Ce que la Culture doit aux arabes d’Espagne (1978). Les textes traduits ont chacun une histoire et une postérité singulière lorsqu’ils sont I ‘objet de commentaires et d’interprétations. J’ai choisi dans ce qui suit de signaler ponctuellement et très succinctement le devenir d’un texte de la première importance dans la tradition philosophique arabe et islamique: le quatrième des livres de l’Organon d’Aristote, les Seconds Analytiques ou livre de la démonstration (Kitab al-Burhan), et de son importance dans la pensée philosophique d’Ibn Rushd Des deux traductions arabes connues de ce texte, celui-ci utilise amplement dans son grand commentaire à cet ouvrage celle qui ressemble plus à une paraphrase ou une traduction glosée, qu’à une traduction littérale. Ceci le conduit à donner une interprétation originale concernant l’objectif ou le but d’Aristote dans cet ouvrage. Il va de ce fait affiner un outil de la logique démonstrative, le signe (dalil) qui, bien que de moindre valeur que la démonstration absolue (burhanmutlaq) va permettre au philosophe Andalou d’établir démonstrativement, dans l’ordre de la causalité naturelle, l’existence et la nécessité d’une Matière Première et d’un Premier Moteur et l’ordre de succession nécessaire entre la science Physique et Métaphysique.
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