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|d Habiter en couple souleve d'autant plus de difficultés quand les partenaires sont issus de deux espaces culturels distants, ce qui est le cas de ceux qui sont dits "mixtes" Passée la lune de miel mue par le souci de chacun des partenaires d’» inscrire leurs deux corps dans une psyché unique», phase narcissique par excellence visant à éradiquer toute différence, visant un seul «habitat» c’est, comme pour tout couple, au contact du quotidien que surgissent les difficultés, dans la durée, l’espace et les diverses circonstances de la vie sociale et personnelle. Ainsi, les conflits surgissent sur le tracé des frontières du moi et du non-moi ; sur les limites à respecter pour préserver l’intégrité de chacun et percevoir où commence l’intimité du territoire de l’autre... Mais, différemment de tout couple «ordinaire», ces sources de différends sont exacerbées par l’absence ou la faiblesse des compétences linguistiques; par une connaissance superficielle et le plus souvent stéréotypée de la culture de l’autre ; par des attentes idéalisées, par des comportements «incompréhensibles» portant sur des modes de pensée qui heurtent parfois des habitudes acquises et les systèmes de valeurs... . Bref, les territoires doivent être redéfinis et, à l’habitat « unique » succèdent des habitats plus ou moins sécants, plus ou moins habitables à deux, plus ou moins contenants, mais toujours des tracés à redisposer. Ce qui renvoie ... aux fondements culturels de chacun, à des interrogations sur leurs pratiques et celles de l’autre... mais aussi à reconnaître que l’autre peut aussi être, et «est» porteur d’une «troisième» culture non seulement existante mais aussi dynamique et évolutive. Il s’agit alors d’une culture qui n’est ni celle de l’un ni celle de l’autre mais plutôt une synthèse des deux, une culture en construction où les traits culturels d’origine se trouvent souvent (ou toujours) sous des formes différentes, représentant ainsi un enjeu fondamental de la négociation portant sur l’habitat commun. Vivre dans une culture en construction ne veut pas dire conserver sa culture telle qu’elle est à l'origine mais plutôt mieux « habiter » sa culture, comme culture légitime et reconnue, tout en acceptant de la confronter à celle de l'autre, accepter de la transformer en une culturelle individuelle : une culture en dialogue susceptible de se transformer en conséquence. Cette troisième culture, sourcée dans des crises plus ou moins importantes, « bricolée » sur les fondamentaux de la vie, pose la question de la transmission des codes culturels de chacun, de leur filiation et de leur(s) affiliation(s) ainsi que de leur devenir. Elle remet en question les étayages et les organisateurs psychiques d chacun pour accueillir une autre culture sans que le sentiment de continuité du soi ne soit rompu. A des cultures aux différences marquées, succède une culture nouvelle, de négociation, qui puise ses racines dans ... l’ancien. Cette communication a pour objectif d’interroger le processus amenant les partenaires des couples mixtes à constituer cette troisième culture mais aussi à montrer comment les traits culturels de l’un et l’autre, «étrangers», se trouvent encore, sous des formes différentes dans cette troisième culture.
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