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|d Beyrouth est une ville qui a été écrite et réécrite, figurée et défigurée des centaines de fois. Or, même après la guerre et la reconstruction de la ville dans les années 90, plusieurs romanciers contemporains exogènes font rimer Beyrouth avec « destruction, chaos, mort » et d’autres termes qui instituent les isotopies de la guerre et de la décrépitude. Qu’elle soit le siège de l’action comme dans Le Quatrième Mur de Sorj Chalandon ou qu’elle figure parmi les espaces référentiels cités ou décrits comme dans Tigre en Papier d’Olivier Rolin ou Clair de Femme de Romain Gary, c’est son état désolant qui est prévalu. Il en est ainsi dans quelques récits publiés après la guerre par des écrivains francophones libanais autochtones ou allogènes qui représentent leur ville natale comme une ville en feu, une ville où ils ont connu l’amour mais aussi les bombes et les déflagrations. Or, tout comme le cinéma, le théâtre et les autres formes artistiques, la littérature a un impact irrévocable sur la représentation que se font les lecteurs d’un espace. Force est donc de constater que la confluence des points de vue dans les romans cités ci-dessus et dans plusieurs autres, contribue volontairement ou involontairement à diffuser une image stéréotypée, voire même négative et piteuse de notre capitale. Dans notre communication, nous observons à partir de l’approche géocritique, comment l’espace qu’est Beyrouth est incarné par les écrivains libanais francophones Najjar, Humaydan et Mazloum, et la façon dont ils agissent à travers leurs romans contre le déni de l’identité de Beyrouth, qu’il soit programmé ou non, contre la défiguration d’une des villes les plus belles et les plus métissées du monde. Nous tentons de démontrer que grâce à la multifocalisation, la polysensorialité, la stratigraphie et l’intertextualité, ces derniers rendent possible une compréhension dialogique de Beyrouth et parviennent par la suite à lui rendre justice aux yeux des Libanais et du monde entier.
|f Beirut is a city that has been written and rewritten, figured and disfigured hundreds of times. However, even after the war and the reconstruction of the city in the 90s, several contemporary exogenous novelists rhyme Beirut with “destruction, chaos, death” and other terms which establish the isotopies of war and decay. Whether it is the seat of the action as in "Le Quatrième Mur" by Sorj Chalandon or whether it appears among the referential spaces cited or described as in "Tigre en Papier" by Olivier Rolin or "Clair de Femme" by Romain Gary, it is its desolate state which has prevailed. This is the case in some stories published after the war by native or non-native French-speaking Lebanese writers who represent their hometown as a city on fire, a city where they experienced love but also bombs and explosions. However, just like cinema, theater and other artistic forms, literature has an irrevocable impact on readers' representation of a space. It is therefore clear that the confluence of points of view in the novels cited above and in several others, voluntarily or involuntarily contributes to disseminating a stereotypical, even negative and pitiful, image of our capital. In our communication, we observe from the geocritical approach, how the space that is Beirut is embodied by the French-speaking Lebanese writers Najjar, Humaydan and Mazloum, and the way in which they act through their novels against the denial of the identity of Beirut, whether planned or not, against the disfigurement of one of the most beautiful and diverse cities in the world. We attempt to demonstrate that thanks to multi-focus, polysensoriality, stratigraphy and intertextuality, they make possible a dialogic understanding of Beirut and subsequently manage to do it justice in the eyes of the Lebanese and the whole world. This abstract was translated by AlMandumah Inc.
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