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L’étude dévoile l’effort effectué de l’écrivaine narratrice afin de transcrire le récit de vie de sa mère qui s’abstient à transmettre ses secrets intimes à sa progéniture. La discrétion des mères était une coutume ancestrale au village d’Ebba en Tunisie. Pourtant, elle confesse à ce qui la choisit comme confidente, sa bonne Naïma. Cependant, ce que la mère a avoué à sa bonne n’était que des récits incrédules ou ceux d’autres personnes, des racontars du village et des discours confus et incertains. La narratrice écrivaine n’a entre ses mains que les récits glanés et sceptiques de sa mère et quelques souvenirs avec elle lors de ses séjours en Tunisie puisque la narratrice était partie de jeune âge pour s’installer définitivement en France. Selon les critiques, un récit de vie exige l’authenticité, la documentation poussée et l’accès direct à l’intimité du témoin – sujet. Or les témoignages disposés sont dépourvus des informations nécessaires à un tel projet. La problématique était la suivante : comment l’écriture d’une vie peut couvrir les lacunes des informations et devient, malgré tout, bien achevée et universelle ? L’étude est repartie sur trois axes: Le témoignage rapporté qui est celui de la matriarche, empli d’illusions et des commérages, des rumeurs incertains. Ensuite, le témoignage mémoriel qui porte sur les bribes des souvenirs de la narratrice avec sa génitrice et enfin le témoignage interprétatif qui vise l’intervention direct de l’écrivaine à éclaircir, interpréter, juger, et mettre en exergue les coins sombres de la vie de sa mère. On conclut que l’écriture d’un récit de vie demande l’habileté du témoin- sujet à narrer sa vie et le talent de l’écrivain pour la transcrire. Grâce à leur contribution, la biographie dépasse ses détournements et ses impasses narratifs. L’étude révèle que le témoignage par écrit reste plus fiable que celui transmis par plusieurs rapporteurs. Tout ce que témoigne le biographié fait partie de son identité personnelle et sociale. Il devient porteur d’un sens profond à portée communautaire, à transmettre toute un patrimoine culturel et toute une mémoire collective à une époque et un pays donné. De même, le témoin écrivain devient en plus qu’énonciateur, un juge et un interprète qui traduit les incrédibilités et les démentis des déclarations et met en lumière les vrais caractères du biographié. Le témoignage d’une vie transcrit par l’écriture, accède aux différents éléments stylistiques et littéraires. Ce fait hisser le récit de vie au niveau d’une œuvre esthétique qui s’inscrit dans une littérature de témoignage. En plus, le témoignage factuel de la narratrice et fictionnel de la mère ne sont pas contradictoires, mais dévoilent deux types de narration différents qui participent ensemble à construire une personnalité et une trajectoire singulières. De ce fait, le témoin- sujet est remémoré et réinséré à l’Histoire du temps et à la culture du savoir au monde entier.
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